Damas / Le vice-président du Conseil des Ministres, ministre des affaires étrangères et des expatriés au gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, Walid Mouallem, a assuré que la Syrie est disposée à collaborer et à coordonner aux deux niveaux, régional et international, dans la lutte anti-terroriste pour appliquer la résolution N°2170, adoptée par le Conseil de sécurité, et dans le cadre du respect de sa souveraineté et de son indépendance.
Dans une conférence de presse tenue aujourd’hui, Mouallem a affirmé que la collaboration doit se faire par le biais du gouvernement syrien, symbole de la souveraineté nationale.
“Le gouvernement syrien est prêt à collaborer aux deux niveaux, régional et international, soit via une Coalition internationale ou régionale, soit par le biais d’une coopération bilatérale “, a-t-il dit.
Et Mouallem de poursuivre : “Celui qui désire collaborer avec la Syrie dans la lutte anti-terroriste doit être sérieux et coordonner avec le gouvernement syrien…Toute autre action représente une agression”, faisant savoir que les raids seuls ne liquideront point les deux réseaux terroristes de l’Etat Islamique en Syrie et en Irak “EIIL” et du Front Nosra, c’est pourquoi il faut assécher les ressources du terrorisme et garantir l’engagement des pays voisins à contrôler leurs frontières, à échanger les informations sécuritaires avec le gouvernement syrien et à enrayer le financement et l’armement des terroristes.
Al-Mouallem a souligné que le sérieux dans la lutte contre le terrorisme ne réside guère dans l’agression contre la souveraineté d’autrui, mais dans l’assèchement des ressources du terrorisme en collaboration avec le gouvernement syrien qui connaît plus que les autres ce qui ce passe en Syrie.
“La Syrie accueille favorablement et s’engage à la résolution N°2170 sur la lutte anti-terroriste bien qu’il soit tardive…L’unanimité du Conseil de sécurité de lutter contre le terrorisme démontre la justesse des appels lancés par la Syrie à l’assèchement des ressources du terrorisme et à l’arrêt du financement, de l’armement, de l’accueil et de l’envoi des terroristes via les frontières des pays voisins”, a souligné Mouallem.
Le ministre des AE a fait savoir que la Syrie avait mis en garde contre les risques de la propagation du terrorisme dans les pays voisins et ailleurs, mais personne ne s’y était intéressée jusqu’à l’adoption de la résolution en question.
“Nous nous disons satisfaits de tous les pays s’engageant à cette résolution, adoptée sous le chapitre VII et qui insiste une fois de plus sur l’indépendance, la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Irak et de la Syrie, ainsi que sur les risques du terrorisme sur la paix et la sécurité internationales”, a-t-il fait allusion.
Mouallem a indiqué que la Syrie n’avait constaté aucun engagement de la part des pays voisins sur l’application de cette résolution, incitant ces pays à être matures devant le danger du terrorisme et à collaborer dans la lutte contre ce phénomène pour leurs intérêts nationaux.
Répondant à une question sur ce que la Syrie attend de l’Occident après la résolution N°2170 en sachant qu’elle l’accuse toujours d’encourager le terrorisme, Mouallem a dit : “Nos positions se basent sur les actes que nous constatons sur le terrain et nous disposons des documents sur les parties qui financent et arment les terroristes en Syrie …Nous maintiendrons nos positions jusqu’à ce que l’Occident prouve le contraire via un changement sérieux dans sa vision vis-à-vis de la vérité du terrorisme en Syrie”.
Mouallem a fait noter que les jours à venir montreront le sérieux des pays régionaux et internationaux dans la lutte anti-terroriste et l’application de la résolution précitée du Conseil de sécurité.
“Il est drôle de classer les terroristes comme modérés ou pas…Toute personne qui porte d’armes contre le gouvernement syrien est un terroriste…Toute personne qui tue un citoyen syrien innocent que ce soit civil ou militaire est un terroriste”, a-t-il assuré, soulignant en même temps les réconciliations menées par le gouvernement syrien dans de nombreuses zones et qui constituent un pas important pour unifier les efforts des citoyens syriens dans le domaine de la lutte anti-terroriste.
Le ministre des AE a dit : “Tout citoyen syrien résident en Syrie fait partie de la responsabilité du gouvernement syrien”.
Il a fait l’éloge de la Tribu d’Akydate et les autres Tribus au nord de la Syrie, qui avaient adopté une position nationale héroïque et paiyaient le prix. “La Syrie se tient aux côtés de toutes les Tribus et espère que les autres Tribus syriennes et irakiennes adoptent une position nationale pareille “, a dit Mouallem.
Il a fait savoir que le ministère des AE et des expatriés en Syrie avait envoyé au Conseil de sécurité une demande pour classer le “Front Islamique” sur la liste des réseaux terroristes et qu’il continuera à authentifier les actes terroristes de ce Front en vue de l’inclure à ladite résolution. “Le Front Islamique collabore avec le Front Nosra à Arsal au Liban, au sud de la Syrie et à Alep”, assure Mouallem.
Quant à ce qui s’est passé à l’aéroport militaire de Tabqa à Raqqa dans la région-est, Mouallem a mis l’accent sur la défense héroïque menée par l’armée arabe syrienne à l’aéroport, abordant dans ce sens les centaines de tués parmi les terroristes de l’EIIL dans les trois attaques contre l’aéroport.
Il a indiqué que le commandement militaire en Syrie avait retiré les soldats de l’aéroport partant de son souci de leur vie.
A propos des limites de la coordination entre la Syrie et l’Occident, Mouallem a fait savoir que la lutte contre le terrorisme est un devoir et que les limites de la coopération dépendent des parties membres de la Coalition internationale et seront examinées à l’ombre de “nos intérêts nationaux”.
Questionné sur la position de la Syrie à l’égard de la Coalition internationale pour la lutte contre le terrorisme, Mouallem a affirmé que la Syrie est le centre de cette Coalition, soulignant que si l’Occident est sérieux dans la lutte contre l’EIIL et le Front Nosra, il devrait venir en Syrie pour coordonner avec elle dans ce sens.
“Sans la coordination avec le gouvernement syrien pour interdire toute agression, la Syrie recourrait à ses armes anti-aériennes”, a dit Mouallem.
Concernant les nouvelles véhiculées sur une coordination confidentielle entre la Syrie d’une part et les Etats-Unis et la Grande Bretagne de l’autre dans des opérations militaires secrètes menées en Syrie, Mouallem a fait savoir que le gouvernement syrien est disposé à collaborer et à coordonner avec les pays régionaux et la communauté internationale à l’égard de la lutte anti-terroriste dans le cadre de la résolution du Conseil de sécurité.
Quant à l’exécution par l’EIIL du journaliste américain, James Foley, le ministre des AE a fermement condamné l’assassinat du journaliste et de tout civil innocent, posant la question suivante : “Est-ce que l’Occident a dénoncé les massacres commis par l’EIIL et le Front Nosra contre nos forces armées et les citoyens syriens ?”.
En ce qui concerne la réunion du groupe arabe dans le cadre des “Amis de la Syrie” et la cristallisation d’une position arabe différente à l’égard de la Syrie, en particulier les pays qui ont soutenu les groupes armés, Mouallem a fait noter que la réunion tenue à Djedda par cinq pays arabes n’avait adopté aucun communiqué, ajoutant : “Si l’objectif de cette réunion est de trouver un règlement politique de la crise en Syrie, il faudrait savoir que le règlement politique ne se fait que via un dialogue inter-syrien et sous une direction syrienne”.
” Tous les efforts déployés en Syrie et ailleurs doivent se concentrer sur la lutte anti-terroriste, c’est pourquoi n’importe quel règlement imposé de l’extérieur est rejeté”, a fait allusion Mouallem qui a incité les pays qui avaient participé à la réunion, si l’objectif de celle-ci est de lutter contre le terrorisme, à commencer par eux-mêmes et à enrayer leur appui aux réseaux terroristes.
Questionné sur une coordination syro-russe à l’égard de la résolution, Mouallem a assuré que les positions syro-russes sont concordantes sur la lutte anti-terroriste, insistant sur l’importance de l’action de la Russie sur la double scène internationale et régionale pour nouer une coopération et une coordination régionale et internationale dans la lutte contre ce phénomène.
Mouallem a évoqué l’appel téléphonique qu’il avait mené avec le ministre russe des AE, Sergueï Lavrov, pour examiner la résolution et qui s’inscrit dans le cadre de la coordination perpétuelle entre les deux ministères des AE russe et syrien.
A la question de savoir si la Syrie avait demandé au gouvernement russe une aide pour mener des raids militaires russes, en collaboration avec l’armée arabe syrienne, contre les positions de l’EIIL, à l’est de la Syrie, Mouallem a nié de telles demandes, mais il a souligné la coopération économique et militaire avec les amis russes. “Ce qui gouverne la politique russe en permanence dans le monde est la charte des Nations Unies”, a-t-il assuré.
Questionné sur la nécessité de l’existence d’une position forte et d’une opération pratique de la part de l’axe de la Syrie, de l’Iran, de la Russie et de l’Irak pour unifier les efforts militaires dans le but de mettre fin à l’extension de l’EIIL à l’ombre de l’absence du sérieux des Nations Unies, Mouallem a assuré que la coordination entre les pays de cet axe est quotidienne pour faire face au terrorisme.
Quant aux développements politiques en Irak et à leurs impacts sur la coopération entre les deux pays, Mouallem a indiqué que la Syrie avait une relation étroite avec le gouvernement de Nouri Maliki qui a adopté une position honnête en admettant le fait de charger Haydar Abbadi de la présidence du gouvernement. “La Syrie continuera à coopérer avec le nouveau gouvernement irakien et espère sa formation dès que possible”, a-t-il fait noter.
A propos des relations avec la Turquie, Mouallem a indiqué que les relations de la Turquie avec les pays voisins s’étaient vivement détériorées, insistant sur l’importance du changement de la politique turque vis-à-vis des événements dans la région pour servir l’intérêt du peuple turc et défendre la sécurité turque, vu que les réseaux terroristes sont transfrontaliers et n’ont rien à voir avec la religion.
Par ailleurs, Mouallem a donné un aperçu général sur les développements dans la région durant les dernières semaines, abordant à cet effet les combats en Libye qui ont eu lieu au su et au vu de la communauté internationale qui est responsable de ce qui s’y passe, ainsi que l’agression et les massacres israéliens depuis 50 jours contre la bande de Gaza.
A. Chatta / L.A.