Damas/ Le président Bachar al-Assad a affirmé que les pourparlers de Genève sont un pas sur une longue voie pour résoudre la crise en Syrie, soulignant qu’il y aurait d’autres rounds que ce soit à Genève ou à Astana.
Dans une interview qu’il a accordé à la chaîne chinoise de télévision “Phoenix”, le président al-Assad a indiqué que les pourparlers doivent être inter-syriens, faisant noter que la délégation de l’opposition n’était pas unifiée et qu’il y avait de différentes délégations de l’opposition à Genève. “Avec qui on doit négocier en tant que gouvernement ? Qui est-ce qui parmi elles est le négociateur ? qui représente-t-il ?”, s’est interrogé le président al-Assad.
Le président al-Assad a ajouté qu’il n’y avait pas de négociations cette fois-ci à Genève. “C’est une des raisons pour lesquelles les pourparlers n’ont rien réalisé. La seule question dont on a discuté à Genève était l’ordre de jour”, a-t-il précisé.
Le président al-Assad a indiqué qu’il y a deux volets pour parvenir à un règlement en Syrie, le premier est la lutte antiterroriste qui représente un devoir pour le gouvernement qui doit recourir à tous les moyens disponibles en vue d’éradiquer les terroristes qui tuent et détruisent en Syrie et le deuxième est le dialogue qui englobe plusieurs facettes. “Il y a le côté politique qui dépend de l’avenir de la Syrie et de la nature du régime politique dont on a besoin sans prendre en compte la forme de ce régime qui sera décidée par les Syriens par le biais d’un référendum. L’autre côté se représente dans la tentative de pousser le nombre le plus important de personnes qui étaient affiliées aux terroristes et qui avaient commis des actes terroristes à retourner à leur vie normale et à renoncer à leurs armes contre l’amnistie avancée par le gouvernement”, a-t-il dit.
Et le président al-Assad de poursuivre : “Le seul règlement depuis le début de la guerre déclenchée contre la Syrie réside dans les réconciliations entre le gouvernement et les hommes armés, dont plusieurs avaient adhéré au gouvernement et combattent actuellement aux côtés de lui et dont d’autres avaient déposé leurs armes et étaient retournés à leur vie normale”.
Questionné sur la Haute commission des négociations, soutenue par l’Arabie Saoudite, qui dit qu’elle s’appuie sur l’administration de Trump pour jouer un rôle positif au lieu des politiques erronées à l’ombre de son prédécesseur Barack Obama, le président al-Assad a assuré que le fait d’espérer toute chose d’un pays étranger signifie le non patriotisme. “Ils doivent s’appuyer sur le peuple syrien, non pas sur n’importe quel gouvernement ou sur toute autre administration”, a fait noter le président al-Assad.
Mettant l’accent sur le discours principal du président Trump avant et après sa campagne sur la priorité de vaincre “Daech”, le président al-Assad a indiqué que rien de concert n’est constaté quant à ce discours. “Nous constatons actuellement des raids contre Daech, mais ils se limitent à de petites zones. Il est impossible de lutter contre le terrorisme d’une manière partielle ou temporaire. Il est impossible que la question se limite à des raids, mais il faut qu’il y ait une coopération avec les forces sur le terrain. C’est pourquoi les Russes ont réussi depuis le début de leur soutien à l’armée syrienne à faire reculer Daech. J’espère que l’administration américaine exécute ce qu’on a écouté en prenant en compte le fait que le terrorisme ne se limite pas à Daech, mais il y a aussi Al-Nosra et d’autres groupes qui ne sont pas affiliés à Daech, mais à Al-Qaïda et qui ont la même idéologie wahhabite extrémiste”, a-t-il dit.
Le président al-Assad a souligné les possibilités de la coopération avec l’administration américaine dans la lutte contre le terrorisme du point de vue “théorique”. “Mais, pratiquement, il n’est pas encore temps, car il n’y a pas de lien entre la Syrie et les Etats-Unis au niveau officiel”, a précisé le président al-Assad.
Le président al-Assad a assuré qu’il n a pas de contact personnel avec le président des Etats-Unis, faisant savoir qu’il y a des contacts indirects avec lui via plusieurs canaux. ” Mais, il est impossible de parier sur les canaux privés et il faut que les contacts doivent être officiels pour parler d’un lien réel avec un autre gouvernement”, a-t-il ajouté.
Quant au feu vert qu’il a donné aux forces américaines pour venir à Manbej, le président al-Assad a affirmé qu’aucun feu vert n’a pas été donné, disant : “Toute force étrangère qui entre en Syrie sans notre autorisation et sans nous consulter est une force envahissante que ce soit américaine, turque ou autre”.
Questionné sur le veto opposé la semaine dernière par la Russie et la Chine contre de nouvelles sanctions de l’ONU à l’encontre de la Syrie, le président al-Assad a répondu : “Les positions de la Russie et de la Chine ne se représentent point dans le soutien au gouvernement syrien ou au président syrien. En Occident, ils tentent de prétendre que la question est personnelle et que la Russie, la Chine, l’Iran et d’autres pays soutiennent cette personne en tant que président. C’est incorrect. La Chine est un membre du Conseil de sécurité et s’engage à la Charte de l’ONU. La Chine en opposant le veto défend avant tout la Charte. La Chine, en collaboration avec la Russie, a rééquilibré le monde en établissant une sorte d’équilibre politique au sein de l’ONU. La Chine par le biais de ce veto protège les intérêts chinois, les intérêts syriens et les intérêts du monde entier, notamment les pays petits ou faibles”.
A la question de savoir quels sont les secteurs auxquels la Chine contribuerait pour reconstruire la Syrie, le président al-Assad a dit : “La Chine peut contribuer à tous les secteurs sans exception, car les terroristes les ont tous visés. Avant le lancement du processus de reconstruction globale, la Chine participe directement à la construction de plusieurs projets, notamment les projets industriels en Syrie. Mais après qu’il y ait plus de stabilité, la question la plus importante sera la construction des banlieues détruites, en plus des infrastructures et les projets industriels qui peuvent être dans le secteur privé ou dans le secteur public en Syrie”.
Questionné sur les extrémistes chinois qui combattent aux côtés de Daech et qui menacent la Syrie et la Chine, le président al-Assad a indiqué que la nationalité des extrémistes et des terroristes n’est pas importante, car ils ne reconnaissent pas de frontières et n’appartiennent à aucun pays, mettant en exergue la coopération entre les services de renseignement syrien et chinois concernant les terroristes qui viennent de la Chine.
Quant au documentaire des “Casques blancs” qui a obtenu le prix d’Oscar pour le meilleur documentaire à court métrage, le président al-Assad a fait savoir qu’il faut féliciter Al-Nosra pour son obtention de son premier Oscar. “C’est un événement inédit en Occident, qu’est l’octroi du prix d’Oscar à Al-Qaïda. C’est incroyable. C’est une autre preuve sur le fait que les prix d’Oscars, de Nobel et d’autres prix sont des certificats politisés. L’histoire des “Casques blancs” est simple, c’est une opération cosmétique du Front Nosra en Syrie pour remplacer son visage laid par un autre plus humain. Cette histoire avait pour objectif d’interdire à l’armée syrienne, pendant l’opération de la libération d’Alep, d’attaquer pour libérer les quartiers dans la ville occupés par les terroristes et de dire que l’armée syrienne et les Russes attaquent les civils et le personnel dans l’affaire humanitaire”, a fait noter le président al-Assad.
A propos de l’objectif suivant après la libération de Palmyre, surtout que Homs se trouve au centre de Syrie, le président al-Assad a souligné que “nos forces sont arrivées au fleuve de l’Euphrate qui est très proche de la ville de Raqqa, foyer de Daech actuellement”.
“Raqqa sera la priorité pour nous. Mais cela ne signifie pas que les autres villes ne sont pas prioritaires. Palmyre se situe sur la route de la ville de Deir Ezzor qui se trouve dans la partie est de la Syrie et à proximité de la frontière irakienne. Ces zones sont utilisées par Daech en tant que passages pour le soutien logistique entre l’Irak et la Syrie. Donc, si on attaque le foyer ou ce passage utilisé par Daech, l’attaque aura le même résultat “, a martelé le président al-Assad.
A la question de savoir combien de jours la guerre prendra pour se terminer, le président al-Assad a répondu : “En cas de l’inexistence de l’intervention étrangère, la question prendra quelques mois. La question n’est pas compliquée au niveau intérieur. La complication se représente dans l’intervention étrangère”.
A. Chatta