Le président al-Assad affirme que la situation en Syrie s’est améliorée après la participation de l’armée de l’air russe à la lutte anti-terroriste

Damas / Le président Bachar al-Assad a affirmé que la situation en Syrie s’était améliorée après la participation de l’armée de l’air russe à la lutte anti-terroriste.

«Récemment et après la participation de l’armée de l’air russe à la lutte anti-terroriste, la situation s’est améliorée et l’armée syrienne a progressé dans de nombreuses zones sur le territoire syrien», a assuré le président al-Assad lors de l’interview qu’il a accordée à chaîne chinoise Phœnix TV.

Le président al-Assad a ajouté qu’après le 1er mois de la participation russe, les groupes terroristes avaient reculé et pris la fuite par milliers vers la Turquie puis vers d’autres pays.

«La lutte anti-terroriste ne se réaliserait pas uniquement par le biais des raids, mais il faut avoir des soldats sur le terrain», a dit le président al-Assad qui a précisé à cet effet que les Russes s’appuient sur les forces terrestres syriennes et coopèrent avec elles.

Questionné sur une coordination entre les forces américaines et le gouvernement syrien, le président al-Assad a nié toute forme de coordination ou de contact entre les deux parties.

Quant aux dernières manœuvres communes entre les avions de combat américains et russes, le président al-Assad a indiqué que ces manœuvres avaient pour but d’éviter toute collision entre eux car ils opèrent parfois dans la même zone.

Répondant à une autre question sur l’opposition modérée en Syrie, le président al-Assad a fait noter qu’il n’y a pas en réalité de groupes d’opposition tangibles, indiquant qu’un groupe d’opposition ne se représente pas par les combattants ni par les personnes qui portent des armes automatiques ou toute autre arme, mais il est une terme politique.

«Si on parle des parties dépendant des extrémistes, la plupart de ces groupes sont affilés à al-Qaïda, soit via Daech ou via Nosra, mais si on parle de l’opposition politique, certaines parties de cette opposition se trouvent à l’intérieur de la Syrie et d’autres sont hors de la Syrie. Une partie d’elle fournit un soutien politique aux terroristes alors qu’une autre ne le fait pas mais elle s’oppose aux terroristes et soutient le gouvernement malgré son appartenance à l’opposition», a fait valoir le président al-Assad.

Questionné sur le fait que l’action militaire russe se réalise en coopération avec certains groupes de l’opposition, le président al-Assad a indiqué que les Russes travaillent avec certaines personnes armées, ainsi que le gouvernement syrien.

«On a besoin de la réconciliation en Syrie et si on veut réaliser cette réconciliation, il faut alors parler à certaines personnes qui portent l’arme, car c’est le moyen le plus efficace pour améliorer la situation et rétablir la paix dans l’avenir», a dit le président al-Assad.

Passant à la création de Daech, le président al-Assad a souligné qu’il a été créé en Irak en 2006 sous le nom de «L’Etat Islamique en Irak», et ce sous la supervision de l’occupation américaine, ajoutant que Daech et Nosra sont issus d’al-Qaïda en Afghanistan.

«L’idéologie de Daech est wahhabite, et la famille gouvernante en Arabie Saoudite soutiennent, formellement et publiquement, les institutions wahhabites, alors il y a beaucoup de personnalités wahhabites qui peuvent envoyer des fonds à ce réseau. Quant au point de vue logistique, tout soutien apporté à Daech, en sources humaines, en fonds ou par la vente du pétrole, passent via la Turquie et en coopération avec les Saoudiens et les Qataris», a révélé le président al-Assad qui a affirmé que sans cet espace logistique, Daech n’aurait pas demeuré car il n’a pas un incubateur populaire en Syrie.

« Daech est un corps étrange dans notre pays, mais il a pu prendre le contrôle de certaines zones via la terreur, la répression et le meurtre. En réalité, sa force provient de la Turquie et d’un appui personnel d’Erdogan et de Davutoglu», a précisé le président al-Assad.

Répondant à une question sur les parties qui achètent le pétrole à Daech, le président al-Assad a dit que cela a lieu essentiellement via la Turquie.

«L’argent provient du Qatar, de l’Arabie Saoudite et du gouvernement turc lui-même pour acheminer le pétrole de la Syrie vers la Turquie car la plupart des gisements pétroliers se trouvent près de la Turquie et de l’Irak, alors Daech vend le pétrole via la Turquie car il ne peut pas le faire via l’Irak qui lutte contre lui.

Questionné sur la possibilité que la Syrie se réconcilie avec la Turquie et l’Arabie Saoudite dans l’avenir, le président al-Assad a dit que l’objectif essentiel pour les politiciens, l’Etat et le gouvernement en Syrie est de travailler au profit du peuple. “Donc, ils répondront positivement à toute nouvelle proposition si ces pays sont prêts à cesser leur appui aux terroristes”, a t il précisé.

Le Président al-Assad a ajouté que le peuple, ses intérêts et ses sentiments détermineront la forme des relations avec les pays précités car cette question concerne enfin le peuple et non pas le gouvernement.

A propos de sa vision sur l’avenir politique de la Syrie, le président al-Assad a indiqué que si on parle de l’avenir de la Syrie on doit parler essentiellement du régime politique.

«Le plus important est que la Constitution, le régime et le pays tout entier soient laïcs en général. La laïcité n’est pas contre la religion mais elle signifie la liberté des religions. C’est le régime qui peut contenir toutes les religions, les confessions et les ethnies sous une seule parapluie, à savoir la Syrie », a fait noter le président al-Assad.

Le président al-Assad a ajouté que l’intérêt serait essentiellement accordé à l’économie et à la reconstruction.

A la question de savoir s’il va se présenter à toutes éventuelles élections, le président al-Assad a dit qu’il est prématuré de parler de cette question qui revient au peuple syrien.

Passant à la durée de la crise en Syrie, le président al-Assad a assuré qu’elle dépend de tout accord entre les Syriens.

«Il faut nouer un dialogue inter-syrien, et on travaille avec la Russie pour engager un nouveau dialogue entre les Syriens, qui peut se tenir à Moscou sous le titre de Moscou 3», a dit le président al-Assad.

Quant au calendrier fixe, le président al-Assad a assuré qu’aucun pas politique tangible ne peut être pris avant l’éradication du terrorisme, qui est le plus grand obstacle.

«Les pas tangibles suivront la défaite des terroristes et la reprise par le gouvernement du contrôle de la plus grande partie des zones que contrôlent les terroristes », a dit le président al-Assad qui a poursuivi que l’autre facette politique de la crise est l’examen de la Constitution qui définira le régime politique et l’avenir de la Syrie, qui, avec les élections syriennes, fera partie du dialogue inter-syrien.

«Il n’a y pas de calendrier pour l’éradication du terrorisme. C’est une guerre et personne ne peut la prévenir. La chose ne dépend pas uniquement de la progression que nous réaliserons, mais aussi du soutien fourni par d’autres pays aux terroristes, car sans ce soutien la situation aurait changé dans moins d’un an», a fait savoir le président al-Assad qui s’en est pris aux pays qui soutiennent le terrorisme pour perdurer la crise.

«Si on parle de la durée du processus politique après la défaite des terroristes, on peut parler de deux ans au maximum », a dit le président al-Assad.

Le président al-Assad a apprécié les positions de la Chine qui avait utilisé le veto quatre fois durant la crise pour soutenir le gouvernement et le peuple syriens, ainsi que le droit international et la charte de l’ONU, et rendant hommage aux grandes valeurs dont possède le peuple chinois.

En ce qui concerne la reconstruction, le président al-Assad a souligné qu’elle a vraiment commencé et que le gouvernement tente de signer des contrats à ce sujet, notamment avec les pays amis.

Quant aux pertes qu’avait subies l’économie syrienne, le président al-Assad a fait valoir qu’elles sont estimées à des milliards de dollars, vu que 10% des écoles ont été détruites, ainsi que 30% des hôpitaux publics, outre les infrastructures, dont l’électricité, affirmant que la reconstruction est le secteur le plus important pour toute économie notamment après la guerre.

Passant aux dégâts qui ont touché le patrimoine culturel, le président al-Assad a indiqué que le patrimoine de la Syrie est mondial.

«Des sites antiques inscrits sur la liste du patrimoine mondial ont été détruits et des antiquités ont été volées pour les vendre sur les marchés internationaux », a précisé le président al-Assad qui a souligné que la Syrie travaillera avec les pays amis et les organisations internationales, dont l’UNESCO, pour les récupérer.

Au sujet des réfugiés, le président al-Assad a indiqué que ceux-ci ont été obligés de quitter la Syrie pour deux raisons: les menaces dangereuses des terroristes et l’embargo imposé par l’Occident à la Syrie, précisant que le petit enfant syrien qui s’était noyé sur le littoral turc et beaucoup d’autres enfants ont trouvé la mort à cause des politique occidentales envers le monde et en particulier envers la Syrie.

Répondant à la question de savoir s’il est aujourd’hui plus fort qu’avant cinq ans, le président al-Assad a affirmé qu’il peut sentir la force, en tant que président et responsable, quand le peuple est fort.

«La Syrie combat des terroristes venant de plus de 100 pays du monde et soutenus par les plus puissants et riches pays du monde, mais ceux-ci n’ont pas pu vaincre les Syriens», a martelé le président al-Assad qui a fait savoir que le peuple syrien est fort et devient plus en plus fort face au terrorisme.

«Je crois en le peuple syrien et je crois que je travaille pour mon pays et mon peuple. L’Occident aurait voulu donner l’image que le problème en Syrie réside dans le président qui veut rester au pouvoir et tuer son peuple qui ne le veut pas, mais ce n’est pas la vérité. Si je suis encore au pouvoir après cinq ans de la crise, c’est par ce que la moitié du peuple me soutient», a fait valoir le président al-Assad.

«Le problème de l’Occident est qu’il ne comprend pas le peuple syrien ni la région et c’est pourquoi que ses calculs étaient erronés dès le début», a dit le président al-Assad.

Questionné sur son choix entre le médecin et le président de la République Arabe Syrienne, le président al-Assad a fait noter : «Être un président signifie travailler dans le secteur public et aider le plus grand nombre de Syriens et c’est plus important pour moi que mon métier en tant que médecin, car j’aime bien aider la plus grande couche de la société”.

Il a, enfin, appelé, à réaliser l’équilibre dans le monde, à soutenir les valeurs et la charte de l’ONU et à ajuster la détérioration morale dans les politiques occidentales.

L.A. / A. Chatta

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