Dans une interview avec RT, le président al-Assad souligne le début d’un mouvement arabe vers la Syrie

Moscou-Sana/ Le président Bachar al-Assad a affirmé le début d’un mouvement arabe vers la Syrie, soulignant que le retour à la Ligue arabe n’est pas un objectif en soi, mais l’objectif est une action arabe conjointe, et que l’accord saoudo-iranien reflétera positivement sur tous les pays de la région.

Dans une interview avec la chaîne russe RT, le président al-Assad a abordé la politique que l’Occident suit avec la Syrie et le monde, qui est basée sur l’hypocrisie et les mensonges, soulignant que les Etats-Unis sont l’Etat le plus escroc à travers le monde, indiquant que la visite de son chef d’état-major dans le nord-est de la Syrie est une violation du droit international.

A une question sur ce qui a changé pour Damas et sur sa rencontre le 15 mars avec son homologue russe Vladimir Poutine, le président al-Assad a souligné l’importance de cette visite, précisant que Damas est une partie du monde qui affecte et est affectée. La question est de savoir ce qui n’a pas changé pour cela. ” Au cours des dernières années, Corona est venu changer tous les modes de vie et toutes les politiques, l’économie, les intérêts et les alignements. La guerre en Ukraine a encore changé. La vérité est qu’aujourd’hui, nous vivons dans un monde plus changeant, et cette visite est importante car elle rétablit de nouvelles perceptions communes entre la Russie et la Syrie vis-à-vis de ce nouveau monde dans lequel nous sommes ou sommes touchés au quotidien.

En ce qui concerne les répercussions du tremblement de terre, politiquement et économiquement et quels dossiers avaient été abordés hier avec le président Poutine au Kremlin, le président al-Assad a indiqué que du point de vue politique, les événements n’attendent pas. “Si nous sommes en retard dans le dialogue, l’élaboration des perceptions, et plus tard dans l’élaboration des plans exécutifs, ces événements nous contourneront, et nous perdrons beaucoup au niveau des intérêts nationaux pour nous ou pour la Russie. Le travail économique est un besoin plus urgent”, a-t-il indiqué, précisant que l’économie en temps de catastrophe est plus important que tout autre discours.

Le président al-Assad a ajouté qu’au cours de cette visite, les dossiers économiques qui ont été soulevés étaient les plus larges, les plus complets et les plus spécifiques.

A une question sur ce que faut-il pour réhabiliter les villes syriennes qui ont été endommagées, à l’ombre de la levée de certaines sanctions imposées à la Syrie à la suite du tremblement de terre, le président al-Assad a indiqué que les estimations pour la guerre étaient de plus de 400 milliards de dollars, mais c’est un chiffre approximatif. “C’est peut-être plus que cela, étant donné qu’il y a des zones qui échappent au contrôle de l’État. Le chiffre supposé pour le tremblement de terre est de 50 milliards de dollars et c’est aussi un nombre hypothétique parce que les dégâts n’étaient pas encore déterminés. “Il ne faut pas regarder les dégâts, que ce soit en temps de guerre ou dans un tremblement de terre, au motif que ce ne sont que des dommages physiques qui affectent les bâtiments, les installations et les infrastructures, mais plutôt des dommages à l’économie en général”, a indiqué le président al-Assad, précisant qu’en vérité les sanctions n’étaient pas levées. “Une partie de l’aide humanitaire a été autorisée, mais l’économie a besoin d’un accès facile de diverses matières premières et d’autres de premières nécessités dans la vie publique dans n’importe quel pays, y compris l’industrie, le commerce et autres. “La Syrie est capable, quelle que soit l’aide, de se réhabiliter après la guerre et après le tremblement de terre, parce qu’elle a tous les ingrédients de la reconstruction, mais le problème est que ce processus est désormais plus coûteux et plus difficile. Ça se fait, mais dans des secteurs précis, comme l’électricité par exemple, alors ce que la Syrie a besoin, c’est de lever l’embargo avant l’aide”, a-t-il fait savoir.

Répondant à une question si l’Occident ment en parlant devant les médias que les sanctions sont levées pour aider le peuple syrien, le président al-Assad a indiqué que la politique européenne est basée sur le mensonge en tout et envers tous les dossiers. Le dossier syrien est l’un des dossiers du mensonge, donc bien sûr qu’il ment. “Si vous ne mentez pas aujourd’hui, vous ne serez pas occidental. C’est la réalité maintenant et je n’exagère pas. Nous les traitons dans de nombreux dossiers à travers des années, même lorsque les relations étaient bonnes entre la Syrie et l’Occident, cette relation était celle de l’hypocrisie et des mensonges de la part de l’Occident contre la Syrie, comme c’est le cas avec les autres pays.. Comme c’est le cas en ce qui concerne la question ukrainienne et toute autre question.. Bien sûr que l’Occident ment, il veut montrer le visage humain faux à cause du tremblement de terre en Syrie pour ne pas dire qu’il a pris une position inhumaine, mais il n’a rien présenté.

Sur les efforts déployés pour normaliser ce qui peut l’être dans les relations entre Damas et Ankara, accélérer le processus de rapprochement et tourner la page sur le litige, le président al-Assad a indiqué que le tremblement de terre a touché le citoyen turc… il a touché le peuple. ” Je ne pense pas qu’il y ait fondamentalement une différence entre les deux peuples en général, le problème est des politiciens en Turquie, ils ont des ambitions particulières qu’ils veulent réaliser à travers la guerre en Syrie.. C’était la situation au début de la guerre et c’est la situation aujourd’hui, donc la réponse est que le seul tremblement de terre qui change la politique turque et pousse au rapprochement à l’heure actuelle ce sont les élections présidentielles en Turquie, il n’y a rien d’autre”, a-t-il ajouté.

A propos des nouvelles sur un sommet avec le président Erdogan sous le parrainage de la Russie ou russo-iranien dans le cadre du Quatuor d’Astana, le président al-Assad a indiqué que la question naturelle dans une telle situation est de savoir quel est l’objectif de toute réunion politique, à quelque niveau que ce soit, pour obtenir des résultats spécifiques, alors quels sont ces résultats ? “Pour nous en Syrie, la priorité est le retrait de toutes les forces étrangères illégales et cela fondamentalement signifie les Américains et les Turcs, il n’y a pas d’autres forces illégales en Syrie, à ajouter le fait de cesser de soutenir le terrorisme.

“La dernière proposition turque pour la réunion quadripartite au niveau des ministres adjoints des Affaires étrangères est de ne pas élaborer aucun ordre de jour pour la rencontre et de ne pas poser des conditions par aucune partie ou avoir des prévisions.  Alors quel est le but de la réunion ?.. Pourquoi devrions-nous y aller ? Pour prendre des photos ?.. C’est pourquoi nous n’avons pas posé de conditions, alors qu’ils essaient de commercialiser que la Syrie n’ira qu’avec les conditions maximales”, a affirmé le président al-Assad qui a ajouté que le fait de soulever la question du retrait est une partie fixe qui ne changera pas. C’est une question nationale et non pas politique, mais pour aller à une réunion où on ne sait ni pourquoi, ni comment, ni rien, là réside le problème, on essaie d’élaborer un ordre du jour clair.

“Il faut qu’il y ait un ordre du jour clair ou la Syrie insistera sur l’article du retrait, s’il n’y avait pas d’ordre du jour, le seul ordre du jour pour la partie syrienne serait le retrait turc de la Syrie”, a-t-il dit.

A la question de savoir si la rencontre entre lui et le président turc Erdogan serait tenue avant ou après la présidentielle turque prévue le 14 mai, en cas de la satisfaction des conditions ou de la vision syrienne, le président al-Assad a répondu : “Lorsqu’il y a une rencontre entre les deux parties, il faut qu’elles partagent des points communs, mais la priorité pour la Turquie et le président turc est uniquement accordée aux élections, alors que la priorité pour la Syrie est accordée au retrait et à la reprise de la souveraineté. Donc il n’y a aucun point commun et nous n’avons aucun problème si le retrait de la Syrie réaliserait la victoire pour le président turc à la présidentielle, mais jusqu’à présent, nous ne voyons pas ce point commun, étant donné que chaque partie œuvre dans le cadre des priorités différentes et ici réside le problème”.

Et le président al-Assad de poursuivre : “Si les conditions, qui sont pour nous le retrait, sont satisfaites, la rencontre pourrait être tenue aujourd’hui ou demain, aucun problème, la date pour nous ne constitue aucun problème, mais elle ne serait pas définie avant la réalisation de nos conditions”.

Questionné sur la relation avec les Kurdes de la Syrie après la visite du chef d’état-major américain, Mark Milley, au nord-est de la Syrie, le président al-Assad a dit : “Je ne peux pas faire lien entre la visite et notre évaluation de ces groupes. Cette visite démontre en premier lieu que les Etats-Unis sont l’Etat le plus hypocrite dans le monde, ils transgressent le plus le droit international et cette visite constitue une violation de le souveraineté d’un Etat et constitue donc une transgression du droit international. Nous ne lançons pas d’accusations contre les Kurdes, ces groupes, dont les “FDS”, comprennent certains arabes. Dans notre évaluation, toute partie ou tout individu opérant à la solde des forces étrangères est un traître et un agent, il y a des Kurdes patriotiques, et une grande partie des Kurdes soutient la patrie, mais dans les conditions que cette région traverse à l’ombre de son contrôle par ces groupes vassaux aux Etats-Unis qui n’autorisent personne à prendre une position patriotique, il paraît que la majorité ne sont pas patriotiques, mais en principe, toute personne opérant à la solde des Américains est un agent, c’est évident”.
A propos de son évaluation de l’accord irano-saoudien pour renouer les relations diplomatiques bilatérales, le président al-Assad a qualifié de “surprise géniale” la réconciliation, la rencontre ou la déclaration annoncée par une médiation chinoise.

Le président al-Assad a souligné que la scène syrienne n’était pas devenue un lieu de conflit irano-saoudien, comme c’était le cas dans certaines phases, indiquant que la politique saoudienne avait pris depuis des années une approche différente envers la Syrie et ne faisait pas partie de l’ingérence dans les affaires intérieures ou du soutien aux factions syriennes.

“Concernant les propos disant qu’il faut rompre les relations syro-iraniennes, ce sujet n’est pas abordé depuis de longues années. Je crois qu’il y a une compréhension de la nature de cette relation, il y a une fidélité entre la Syrie et l’Iran remontant à quatre décennies et si nous ne sont pas fidèles à nos amis, comment nous pourrions être fidèles aux autres, mêmes aux frères? Je crois que ce sujet ne fait plus de problèmes sur la scène arabe”, a-t-il fait noter.

A la question de savoir si “Israël”, qui est le plus affecté selon les médias de l’entente entre Téhéran et Riyad, redistribuerait les cartes de la région en poursuivant le bombardement des territoires syriens, le président al-Assad a répondu : “Israël redistribuent toujours les cartes de temps à autre, notamment après chaque évènement positif, c’est évident, étant donné qu’il est un ennemi et un quasi-Etat qui a apporté le terrorisme, c’est-pourquoi il est évident qu’il le soutient”.

Le président al-Assad a en outre affirmé que l’objectif d'”Israël” de bombarder la Syrie est de l’affaiblir et ça n’a rien à voir avec l’Iran ou avec n’importe quelle autre chose, faisant savoir qu'”Israël” sait bien qu’il bombarde des objectifs syriens qui n’ont aucun lien avec une partie iranienne, pour uniquement affaiblir la Syrie.

Questionné sur son évaluation de l’action arabe pour se rapprocher de la Syrie, le président al-Assad a souligné qu’il y a uniquement une action par les idées avancées, et qu’il y a de gros titres qui n’ont pas encore des détails, disant : “Nous n’avons rompu nos relations avec n’importe quel pays arabe, c’est eux qui l’avaient fait, et nous ne croyons pas que la rupture des relations est correcte en politique, c’est évident de contacter tous les pays, dont ceux qui ne sont pas arabes et qui avaient également rompu leurs relations avec la Syrie”.

Concernant les possibilités de la participation de la Syrie au sommet arabe en cas de la réception d’une invitation, le président al-Assad a fait savoir que l’adhésion de la Syrie est gelée, c’est pourquoi il faut annuler ce gel pour assister au sommet en prenant avant une décision lors d’un sommet arabe, indiquant que le retour à la Ligue arabe n’est pas un objectif en tant que tel, l’objectif est uniquement l’action arabe commune. “Il ne faut pas que la Syrie retourne à la Ligue arabe comme titre de désaccord, mais elle y retourne uniquement lorsqu’elle sera un titre d’entente”, a-t-il précisé.

Questionné sur la création d’un monde multipolaire après l’opération spéciale russe en Ukraine, le président al-Assad a estimé que “le danger le plus important est économique, à savoir le dollar, au moment de l’écartement du dollar du sommet de l’hégémonie économique, le monde serait multipolaire, mais s’il y a un monde multipolaire aux niveaux politique et militaire avec l’existence de l’hégémonie du dollar, le monde resterait unipolaire”.

A la question de savoir s’il avait reçu des garanties de la part du président Poutine lors de sa rencontre au Kremlin sur le retrait turc en cas de la normalisation avec la Syrie, le président al-Assad a indiqué que la politique russe est réelle et qu’il n’avait reçu aucune garantie, faisant noter : “A mon avis personnel, personne ne peut garantir Erdogan même pour quelques jours, il change ses politiques en permanence et je crois que personne dans le monde ne peut avoir des garanties”.

Et le président al-Assad de conclure : “Personne ne peut deviner la politique turque après la présidentielle, tout est temporaire et il n’y a aucun engagement de leur part, c’est uniquement des tactiques à court terme pour réaliser des objectifs turcs, pas des objectifs syriens, c’est pourquoi le Russe n’a pas avancé de telles garanties et nous ne pouvons demander à quiconque dans le monde de nous donner de telles garanties”.

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