Le président al-Assad à la chaîne russe NTV : La présence russe en Syrie et au Moyen-Orient est importante pour maintenir l’équilibre international et combattre le terrorisme

Damas/Le président Bachar al-Assad a affirmé que la présence militaire et politique de la Russie en Syrie, au Moyen-Orient et dans le reste du monde est très importante pour maintenir l’équilibre international et combattre le terrorisme.

«Cet équilibre est très important non seulement pour la Russie et les grandes puissances, mais aussi pour les petits pays comme la Syrie. C’est ce que nous attendons de la Russie: combattre le terrorisme et maintenir l’équilibre international », a fait savoir le président al-Assad dans une interview avec la chaîne russe NTV.

Le président al-Assad a indiqué que la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar avaient planifié et envoyé de l’argent après avoir échoué de créer une révolution spontanée.

Le président al-Assad a précisé que les allégations de l’usage d’armes chimiques font partie des mensonges proférés contre le gouvernement syrien, mais les pays occidentaux ne les utilisent que lorsque leurs forces et leurs agents terroristes étaient vaincus dans certaines régions de la Syrie. «L’Occident utilise cette histoire ou ce roman comme prétexte pour intervenir directement et militairement et attaquer l’armée syrienne. C’est ce qui s’est passé plusieurs fois, à ajouter que nous n’avons pas d’armes chimiques, nous les avons abandonnées », a-t-il fait savoir.

A la question de savoir si la Syrie possède d’armes chimiques, le président al-Assad a précisé: «Nous n’avons pas d’armes chimiques depuis 2013. Mais logiquement, même si vous possédez ces armes, vous devriez les utiliser au moins quand vous êtes vaincu, pas quand vous gagnez la guerre. Ce qui se passe réellement, c’est que chaque fois nous gagnons la bataille, ils utilisent cette excuse. Donc, c’est illogique, mais c’est une excuse pour soutenir les terroristes en Syrie ».

En ce qui concerne les provocations préparées contre la Syrie à Deir Ezzor et si la Syrie pourrait les empêcher, le président al-Assad a répondu que ce n’est pas possible parce que ce n’est pas le résultat de la réalité, mais le résultat de leur imagination et de leurs nouvelles véhiculées dans leurs médias et dans leurs pays pour les diffuser ensuite à travers le monde par Internet ou par divers médias. Ainsi, cette provocation ne peut pas être évitée. «Les Américains fabriquent des mensonges et ensuite nous attaquent directement. Quand il n’y a pas de droit international respectable, et quand il n’y a pas d’institutions onusiennes efficaces vous ne pouvez pas prévenir les provocations, le monde est devenu une jungle », a-t-il affirmé.

A la question de savoir comment sauvegarder la Syrie un pays unifié alors qu’il paraît qu’elle est émiettée, le président al-Assad a répondu : «Si vous voulez parler de la Syrie divisée, vous parlez de la géographie et non pas de la société, la société est unifiée, donc nous n’avons aucun problème à cet égard. Nous pouvons considérer la Syrie comme unie tant que son peuple est uni».

«Si vous parlez de guerre, c’est maintenant une guerre internationale. En fait, il ne s’agissait pas seulement du gouvernement syrien. Le gouvernement syrien est indépendant et nous avons de bonnes relations avec la Russie, la Chine et d’autres pays. Les États-Unis voulaient remodeler le monde politiquement, peut-être militairement. Ainsi, la Syrie a été l’un des principaux champs de bataille pour redessiner cette carte, au moins au Moyen-Orient », a indiqué le président al-Assad qui a ajouté qu’il s’agit d’une bataille entre deux forces: la première est les États-Unis et leurs alliés qui soutiennent les terroristes, dans le but de répandre l’hégémonie. L’autre force est la Russie et ses alliés, qui ont pour but de combattre le terrorisme et de rétablir le droit international.

A la question de savoir pourquoi la Syrie a été choisie pour ce jeu, le président al-Assad a fait noter : « Pour différentes raisons : La Syrie fait partie d’un groupe d’États indépendants, à savoir : la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord et maintenant la Russie en tant que pays indépendant. L’Occident n’accepte aucune position indépendante. L’Amérique n’accepte aucune position européenne indépendante, c’est pourquoi vous avez un problème en Russie avec les États-Unis, parce que vous voulez être indépendant ce qu’ils n’acceptent pas, même si vous êtes une grande puissance, vous ne pouvez pas être indépendant. C’est la première raison. Nous sommes un petit pays, alors comment pouvons-nous dire non et oui? Nous devons dire juste oui ».

Le président al-Assad a souligné la situation géopolitique et le rôle historique de la société syrienne, ce qui rend la Syrie la cible des grandes puissances. «Donc peu importe que la Syrie soit petite ou grande, elle est importante quand même », a-t-il ajouté.

En ce qui concerne ce qu’attend la Syrie de la Russie surtout que l’Etat syrien demandera un jour à tout le monde de quitter sa terre, le président al-Assad a affirmé que l’amitié entre la Syrie et la Russie remonte à six décennies, mais le traité militaire avait été signé depuis plus de quatre décennies.

Le président al-Assad a, en outre, précisé que les pays occidentaux ne feront pas partie de la reconstruction de la Syrie qui ne leur permettra pas d’en faire partie. «Nous n’avons pas besoin de l’Occident qui ne donne pas mais il prend. Premièrement, nous n’avons pas construit la Syrie à travers l’histoire avec de l’argent étranger, mais nous l’avons construite avec notre argent et nos ressources humaines. Malgré la guerre, nous avons toujours les ressources humaines pour reconstruire tous les secteurs de notre pays. Nous ne sommes pas inquiets à ce sujet », a-t-il ajouté.

«En ce qui concerne l’argent, nous n’avions aucune dette avant la guerre, parce que nous avons construit notre pays grâce à certains prêts que nous avons reçus de nos amis. Nous n’avons pas d’argent, mais nous pouvons obtenir des prêts de nos amis, des Syriens vivant à l’étranger ou dans le pays, ainsi que des fonds gouvernementaux », a-t-il souligné.

Le président al-Assad a précisé que plusieurs entreprises européennes avaient commencé à contacter le gouvernement pour leur permettre de venir investir en Syrie, secrètement mais avec le soutien de leurs gouvernements. «Ils ont donc besoin de ce marché parce qu’ils sont dans une très mauvaise situation économique depuis 2008. La plupart des pays européens ont besoin de beaucoup de marchés, et la Syrie en fait partie, nous ne leur permettrons pas de faire partie de ce marché », a-t-il ajouté.

Le président al-Assad a affirmé qu’il n’y pas de guerre civile en Syrie, étant donné que la guerre civile devrait être basée sur des lignes sectaires, ethniques et religieuses, ce qui n’existe pas en Syrie. « Vous pouvez aller n’importe où, surtout dans les zones contrôlées par le gouvernement où vous pouvez voir les gens vivent les uns avec les autres. En fait, ce n’est pas une exagération mais un fait, la guerre était une leçon très importante. Ainsi, cette société diversifiée est devenue plus unifiée qu’avant la guerre, parce que nous avons appris la leçon », a affirmé le président al-Assad.

A la question de savoir s’il va poser sa candidature pour un nouveau mandat, le président al-Assad a répondu : «Il y a deux facteurs: le premier est ma volonté qui reposera sur le deuxième facteur, à savoir la volonté du peuple syrien. Nous avons encore du temps, trois ans.  A cette époque, c’est-à-dire en 2021,  est-ce que le peuple syrien acceptera-t-il cette personne ou non en tant que président? Si la réponse sera non, que dois-je faire avec la présidence? Je ne peux rien faire. Je ne peux pas réussir. Je ne peux pas donner quoi que ce soit à mon pays. Donc, la réponse sera non. Si oui, alors je vais y réfléchir, mais c’est encore tôt».

Le président al-Assad a, en outre, indiqué que toute réforme constitutionnelle ne dépend ni du président ni du gouvernement mais du peuple syrien.

A la question de savoir s’il va se réunir directement ou indirectement avec le président américain Trump, si nécessaire, le président al-Assad a répondu que la discussion ou la négociation avec l’adversaire est bien sûr fructueuse. « Mais depuis nos premières négociations avec les États-Unis en 1974, nous n’avions rien obtenu sur aucun sujet.  Le fait de parler aux Américains sans réaliser quoi que ce soit, n’est qu’une perte de temps. Nous ne sommes pas heureux de parler aux Américains simplement parce qu’ils sont Américains… Nous ne croyons pas que la politique des États-Unis sera différente dans un avenir prévisible », a fait savoir le président al-Assad.

A une question si les réseaux terroristes de Daech ou du Front Nosra vont un jour revenir à la Ghouta occidentale, surtout qu’ils avaient laissé des slogans disant « nous reviendrons », le président al-Assad a indiqué qu’ils reviendront, bien sûr, parce qu’ils seront utilisés temps après temps par les puissances occidentales, mais peut-être sous différentes étiquettes. De tels réseaux se trouvaient en Afghanistan il y a 30 ans, et Reagan les appelait «Mujahideen». « Maintenant, les forces occidentales les appellent terroristes, mais elles les utilisent. Peut-être dix ans plus tard, ils seront utilisés ailleurs dans le monde sous une marque différente. C’est le même produit mais ils le commercialisent sous un nouveau nom. Donc, c’est un outil occidental », a-t-il fait savoir.

A la question de savoir comment la Syrie pourrait arrêter l’occupation dans le nord de la Syrie et l’exécution de l’accord entre les Etats-Unis et la Turquie, mis en œuvre sur le territoire syrien, le président al-Assad a indiqué que cela se fait premièrement par les réconciliations par lesquelles la Syrie était en mesure de reprendre le contrôle de plusieurs zones, et deuxièmement par le fait de combattre les terroristes lorsqu’ils ne déposent pas leurs armes. «Nous allons les combattre et répandre notre contrôle par la force. Ce n’est pas notre ligne préférée, mais c’est le seul moyen de reprendre le contrôle du pays», a-t-il ajouté.

«Les Américains contrôlent tout… Ils contrôlent et soutiennent Daech à l’est et le Front Nosra à Idleb, au nord-ouest de la Syrie. Ils soutiennent Daech, al-Nosra et autres factions au sud. Les Américains le font mais ils donnent des rôles différents à différents pays. Parfois, ils l’exigent des Turcs, parfois des Saoudiens ou des Qataris, etc. Mais, pour être très simple et clair, tous ces pays, y compris la France et la Grande-Bretagne, sont tous des marionnettes et des accessoires à la main des États-Unis», a conclu le président al-Assad.

R.Bittar

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